l'hiver est ma saison préférée, parce que c'est celle du temps qui s'arrête, c'est le temps pour observer, c'est le temps pour lire au coin de la cheminée, pour broder à la lumière du soleil d'hiver qui perce à la fenêtre, c'est le temps de noêl ...
j'ai choisi un texte extrait de ce livre, reçu pour le noêl 70 qui fut enneigé et dont la tristesse ressurgit encore plus cette année ... mais encore aujourd'hui, ce livre n'est jamais bien loin tant j'aime ces histoires et ces illustrations
c'est noël.
le vent cingle les roseaux autour de l'étang. la mésange bleue, de son petit bec pointu, perfore la graine des hampes, extirpe avec habileté quelques araignées qui passent l'hiver à l'intérieur des tiges creuses ...
dans nos jardins dépouillés, les merles sautillent ça et là. la grive picore une vieille pomme oubliée. quatre bouvreuils abandonnent le cerisier, aprés avoir cisaillé quelques bourgeons. les moineaux pillent une poubelle renversée ; derrière la vitre close, le chat guette les moineaux ...
que nous offre le jardin ? une superbe touffe d'ellébore, la rose de noël, qui tiendra longtemps dans un gobelet, avec sa tige robuste, ses larges pétales blancs, à peine teintés d'un soupçon de rose. des pensées aussi, des primevères, si l'automne n'a pas été trop rude.
songes au brouillard givrant qui pose ses gouttelettes sur les toisons des hardes des forêtes ou des montagnes ; aux poules d'eau, aux canards qui patinent sur la glace des étangs, cherchant un peu d'eau libre. la nuit de décembre est longue ; elle tombe vite. c'est l'époque où les animaux ne songent plus à se battre, mais cherchent à se réunir pour se communiquer un peu de cette chaleur sans laquelle aucun être vivant au monde (sauf les poissons, bien sûr) ne saurait subsister, pour découvrir les endroits où l'on pourra apaiser sa faim.
"tsit, tsit !"
qui appelle ? le rouge-gorge, tout seul à la pointe d'une branche. il est là, telle une petite flamme dans la grisaille, gonflant son plastron pourpre et il chante, malgré le froid qui ébouriffe sa plume ; son ramage est si varié, si délicat qu'il va droit au coeur, et le couplet achevé, il va vite s'assurer que l'on a jeté quelques miettes dans l'allée.
c'est noël.
n'oublions pas que les oiseaux et les fleurs, au long des saisons, sont le sourire de la terre, que pour que cette terre soit belle, il faut que la nature sommeille, que le gel tue la vermine enfouie dans le sol. il en restera toujours assez pour travaillent becs et pattes, quand l'alouette jaillira dans le ciel en turlutant : kir, huip, tir, li !