Jardins de Pareillas

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art de vivre entre botanique, gastronomie et créativité


petit déjeuner autour de l'orange et madeleines qui firent un nouveau gateau

Publié par n-talo sur 12 Mars 2007, 07:07am

Catégories : #autour du petit déjeuner du lundi

j'en ai fait une rubrique !
les petits déjeuners du lundi matin et leurs recettes,
merci à toutes et tous de vos bons voeux de rétablissement à klaxon, il va bien ! et fait la cour  à perdita

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la madeleine de proust
II y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l'appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m'apporte un peu moins que la seconde. II est temps que je m'arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n'est pas en lui, mais en moi. [...] Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C'est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. II est en face de quelque chose qui n'est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière. Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n'apportait aucune preuve logique, mais l'évidence, de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s'évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s'enfuit. Et, pour que rien ne brise l'élan dont il va tâcher de la ressaisir, j'écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j'abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s'élever, quelque chose qu'on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c'est, mais cela monte lentement ; j'éprouve la résistance et j'entends la rumeur des distances traversées. Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu'à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l'insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m'apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s'agit. Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l'instant ancien que l'attraction d'un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s'il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute oeuvre importante, m'a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d'aujourd'hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine. Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.

    Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, 1913.

mes madeleines n'auraient pas suscité un pareil texte !
la  recette des madeleines
faire fondre 180 grs de beurre fin et laisser refroidir, pendant ce temps peser 200 grs de farine de blé fine et 5 grs de bicarbonate de sodium.
mélanger 5 oeufs entiers et 200 grs de sucre semoule et battre jusqu'à ce que le mélange blanchisse (plus d'une minute), incorporer 5 cuillérées à soupe d'eau de fleur d'oranger et verser en pluie la farine, incorporer sans travailler ni faire de grumeaux. ajouter le beurre.
laisser reposer la pate 15 minutes au réfrigérateur (elle pourra attendre plusieurs heures)
beurrer les moules et cuire 10-12 minutes à 200°C (th6), démouler chaud

 ... on les a gouté chaudes, première fournée, deuxième fournée, troisième fournée (12 à la fois) ...elles sont bonnes mais on dirait pas de madeleines ! et là je me retourne : le beurre ! pas trés réveillée, j'ai fait la recette en oubliant le beurre
il est froid maintenant le beurre ! je recommence. ... avec de la farine de maïs faute de farine de blé :°)  ...(le sucre était du sucre entier et non pas le classique semoule)
au lieu de gonfler, les madeleines se sont étalées à la cuisson, il n'y a pas eu de deuxième fournée , j'ai versé le tout dans un moule à brownie à partager, mélangé des graines de tournesol pour voir ! et le résultat visuel est digne d'un cours d'hervé this (les secrets de la casserole) :
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délicieux, un régal, à essayer !

pomme d'ambre

c' est une orange dans laquelle on a piqué des clous de girofle.
avec le zesteur, faire des canaux dans la peau de l'orange (ou de n'importe quel autre agrume), garnir ces volutes de clous de girofle à touche-touche, il en faut beaucoup. l'orange devient pomme d'ambre : on la parfume en la roulant dans un mélange d'épices en poudre (cannelle, gingembre et poudre d'iris)  régulièrement jusqu'à ce qu'ils durcissent.
les clous de girofle contiennent un antiseptique qui empêche les agrumes ainsi traités de pourrir lors du séchage.
un fruit  ainsi momifié se conservent plusieurs années, dans un placard, il protège les textiles des mites et parfume le linge.
de même, un sachet de clous de girofle dans un tiroir rafraîchit les vêtements. et pour les sachets je me suis inspirée de ce que j'ai vu là, en corse .

enfin ;°)
la confiture n'était pas à l'orange mais à la clémentine (impossible de trouver des mandarines) et à la cannelle (j'sais décidément pas faire les confitures nature ?)
la recette ?
confiture de clémentine à la cannelle
peler à vif 1 kg de clémentines et presser le jus d'un autre kilo, (ça doit être à peu prés ça !) , mon tout pèse 1kg700, ajouter ++ 1Kg de sucre (ça va bien faire 1kg200), mettre quelques bâtons de cannelle brisés (allons-y pour 4 ou 5), laisser macérer une nuit (ou un jour), porter à ébullition, laisser macérer,deux peut-être trois jours sur le coin du buffet (enfin là ou il y la place pour la bassine à confiture !) porter à ébullition un de ces matins (ou soir) regarder souvent s'épaissir la confiture et un jour elle nappe bien la cuillère en bois oubliée à coté (pas dedans ! pas dedans !!) c'est le moment de la mettre en pot (les ébouillanter au préalable), une ébullition et hop coulée dans les pots, étiquettés, capuchonnés
elle est divine et sera impossible à refaire ... comme celle qui était à tomber par terre faite avec des restes de fruits exotiques et des ananas rôti au rhum !

une cuillèrée de fleur d'oranger dans un verre de lait chaud, bonne nuit

et pour l'armoire de cielo moon ...

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un rectangle de toile à beurre, cousu sur 3 cotés (un coté ourlé) retourné, pris à 90°, un pli cousu pour passer le galon, passer le galon, plier en deux, couture sur deux cotés à l'intérieur (attention au moment de la couture le galon est à l'intérieur) et retourner ... verser de l'écorce d'orange séchées, mélangées à de la poudre d'iris et des clous de girofle


à suivre ...
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Commenter cet article
T
tres beau texte et j'ai éte audela j'ai lu toute la recherche duu temps perdu ! <br /> et ta recette a l'air superbe
N
j'ai été heureuse de le découvrir
C
divins gâteaux de nos grands mères,un peu oubliés mais tellement bons, merci j'avais oublié Proust et ses madeleines...
N
il est délicieux ce texte, un vrai suspens
L
Mmmmmmmmmmmmmmmmm!!! Demain je viens prendre mon p'tit dej avec toi!!!
N
euh, lundi prochain
C
Ah ben ça alors... hier nous avons fait aussi des madeleines, à la demande pressante de Mamzelle ! :)<br /> Je m'en vais poster la recette, tiens ;)<br /> Bisous
N
par la pensée
C
Chriscraft_ madeleines elle aime tant ça <br /> bonjour chez toi <br />  
N
hello

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